En 2023, les frais de scolarité moyens des écoles de commerce post-prépa s’élevaient à 14 534 € par an. Autant vous dire que dans la vraie vie, ces prix délirants signent l’exclusion des étudiants issus de milieux modestes. Soit l’exact opposé de ce que devrait être l’Éducation. Sauf qu’en plus, ces tarifs stratosphériques ne se justifient même plus. Car pour beaucoup d’écoles, ils ne sont plus synonymes de qualité, mais de marque. Alors, on nous vend du « retour sur investissement » et du « salaire à la sortie » — comme si ces chiffres étaient gravés dans le marbre. Mais la réalité est toute autre : le "retour sur investissement" est une grosse fumisterie marketing qui n’a qu’un seul but : justifier des prix toujours plus élevés. Nous avons analysé les chiffres, et ils sont sans appel. Voici les éléments clés à connaître.
Prix des écoles de commerce : le tarif qui vous fait décoller (ou pas) 💸
Le coût d'une école de commerce en France repose souvent sur une moyenne trompeuse qui donne le tournis. Aujourd'hui, il faut envisager un budget oscillant entre 25 000 € et 60 000 € pour trois ans dans une "grande" école, avec une moyenne annuelle autour de 18 000 € pour un PGE (Programme Grande École). Cette moyenne est cependant un trompe-l'œil quasi-surréaliste. Il y a la réalité des écoles "premium" et celle du tout-venant. L'illusion d'équité tarifaire ne tient pas deux minutes si on gratte un peu.
Le TOP 5 des écoles : HEC, ESSEC, ESCP et les autres, combien ça coûte vraiment ?
Voici des chiffres qui surprennent même après plusieurs cafés. Dans la vraie vie, il faut débourser jusqu'à 72 000€ pour suivre le PGE d’HEC Paris, sans compter les à-côtés ni l’inflation galopante. Les autres écoles prestigieuses ne sont pas en reste :
École | Frais totaux PGE (3 ans) |
---|---|
HEC Paris | 71 750€ |
ESCP Business School | 65 300€ |
emlyon business school | 61 500€ |
ESSEC Business School | 60 300€ |
EDHEC Business School | 56 900€ |

Certaines écoles prestigieuses valent leur pesant d'or... ou de dettes.
L'écart se creuse : la différence entre les écoles de sommet et le reste du peloton
La polarisation tarifaire est nette. Aujourd'hui, les écoles du top SIGEM franchissent allègrement la barre des 60k, tandis qu'un établissement comme IMT-BS ou EM Strasbourg tourne encore autour de 7 500 à 10 000€/an. Cela conduit à une gentrification du secteur : certains paient plus cher que le revenu moyen d’un foyer sur trois ans.
« Les écarts se creusent entre les établissements : les écoles du top 5 affichent désormais des montants supérieurs à 60 000 € pour leur programme phare, tandis que d’autres restent sous la barre des 30 000 € sur trois ans. »
Focus sur les programmes spécifiques : AST, alternance, et leurs implications tarifaires
Passer par l’AST (admission sur titre) ou choisir l’alternance n’est pas toujours la solution miracle contre les coûts élevés. Les admissions parallèles affichent souvent leurs propres frais cachés — chez Audencia, par exemple, il faut aligner plus de 15 000€/an en AST (hors "frais généraux") ; emlyon facture jusqu’à 2 000€ rien que pour une année de césure optionnelle.
L’alternance ? Oui, certains frais sont pris en charge par l’entreprise… mais attention aux places limitées et à la sélection sociale très opaque dans certaines écoles comme IMT-BS ou Clermont School of Business. Le modèle "on bosse/on paye moins" n’est donc clairement pas universel.
Pour comprendre l’impact réel de l’alternance sur les frais scolaires : Analyse de l’alternance en école de commerce.
L'inflation des frais de scolarité : une tendance qui ne semble pas vouloir s'arrêter 📈
L’inflation des frais de scolarité dans les écoles de commerce françaises est spectaculaire depuis plusieurs années. Autant vous dire que la hausse n’est pas juste sensible, elle est vertigineuse et personne n’a pensé à prévenir les comptes en banque du commun des mortels.
La hausse spectaculaire sur 5 ans : quand le prix double (voire triple)
Entre 2018 et 2023, certaines écoles ont pulvérisé tous les compteurs. Pour NEOMA, Audencia, KEDGE ou Excelia, on observe des augmentations de 30% à 45% sur cinq ans. Le ticket d'entrée pour un PGE chez NEOMA est passé d’environ 35 000 € à plus de 49 000 €, soit +40 %, bien au-delà de l’inflation générale. Chez Audencia, c’est +35%. Excelia a fait grimper ses tarifs annuels de 9 200€ à presque 13 000€, soit +41%. Même KEDGE se distingue avec une hausse supérieure à +38%. On assiste à une véritable escalade des tarifs.
- NEOMA : +40% en 5 ans
- Audencia : +35%
- KEDGE : +38%
- Excelia : +41%
En cinq ans, les frais moyens sont passés de moins de 30k€ à plus de 45k€ pour la majorité des grandes écoles.
Pourquoi cette flambée ? Les raisons derrière l'explosion des coûts
Parlons franchement : les écoles justifient ces hausses par “l’excellence académique” et “l’internationalisation”, mais la vérité est nettement moins reluisante. Ce sont avant tout des investissements massifs dans le marketing, la création de nouveaux campus clinquants et la course aux labels internationaux (EQUIS, AACSB, AMBA). Les salaires professoraux jouent aussi leur rôle – le recrutement mondial coûte cher – tout comme le financement d’une armada administrative qui vend du rêve… et facture au passage ! Sans oublier une obsession récente pour la rentabilité brute : certains directeurs eux-mêmes reconnaissent que le modèle économique classique est en bout de souffle.
Les modèles économiques des écoles : entre excellence affichée et rentabilité brute
La transformation du modèle économique des écoles est désormais radicale. Les écoles de commerce françaises ont muté vers un modèle quasi-entrepreneurial où le statut associatif ne masque plus leur logique marchande. L’apport public (subventions) n’étant plus qu’un souvenir, chaque école doit survivre… ou disparaître. Cela se traduit par une politique tarifaire élitiste où l’on paie avant tout la « marque ». Résultat : plus on facture cher, plus on affirme sa différence — même si ça exclut discrètement un paquet d’étudiants méritants.
Analyse vidéo du modèle économique des écoles de commerce.
L'impact des accréditations internationales : un coût justifié ou une course aux labels ?
Les accréditations internationales (EQUIS, AACSB, AMBA) sont devenues l’obsession absolue des directions. Sont-elles synonymes d’une valeur ajoutée incontestée pour les étudiants ? En réalité, leur obtention coûte plusieurs centaines de milliers d’euros chaque année — audit permanent inclus — sans que cela se traduise systématiquement par une meilleure insertion professionnelle ou pédagogique.
Le coût élevé est souvent lié à un logo sur un diplôme qui brille plus dans les brochures que dans la réalité. À considérer avant de se laisser convaincre par le marketing.
Pour en savoir plus sur la valeur réelle de ces accréditations : Tout savoir sur les accréditations internationales.
Au-delà du prix : ce que vous payez VRAIMENT dans une école de commerce
La promesse du réseau : la carte de visite la plus chère d’Europe ?
Le « réseau alumni » est souvent présenté comme un sésame universel. Les écoles s’époumonent à vanter leurs anciens comme si un simple logo sur LinkedIn ouvrait toutes les portes. Réalité terrain : oui, le réseau existe, et il peut dépanner quand on est déjà dans le bon cercle. Mais pour avoir observé moult jeunes diplômés, la plupart bataillent seuls pour dégoter leur premier contrat, sans qu’aucun “ancien” ne vienne jouer au messie. Une carte de visite à 20 000 € ne remplace pas l’effort personnel ni ne compense un stage raté.
Mon avis :
L’accès au réseau dépend davantage de votre capacité à réseauter (rencontrer des personnes, relancer sur LinkedIn, participer à des événements) que de la possession d’un diplôme coûteux.
L’employabilité : vérité statistique ou légende urbaine ?
Les chiffres officiels affichent jusqu’à 98 % d’insertion dans certaines écoles, mais tout le monde ne décroche pas un CDI en conseil ou finance. On observe surtout que les stages longs et l’apprentissage font la vraie différence : c’est là que la personnalité, l’adaptabilité et le carnet d’adresses personnel entrent en jeu. Le diplôme ouvre des portes mais ne garantit rien (sauf une dette longue durée).
Évaluation : La promesse d’employabilité est-elle tenue pour tous ? ⭐⭐⭐ (sur 5)
En d’autres termes, le diplôme seul ne suffit pas.
Le ROI (Retour sur Investissement) : mythe ou réalité pour tous ?
En réalité, l’équation est plus complexe. Les salaires de sortie affichés sont des médianes écrasées par quelques stars parties en M&A ou conseil strat. Pour une majorité – surtout issus de milieux modestes – voici ce qui va vraiment faire varier le ROI :
- Salaire de départ réel (parfois inférieur aux annonces)
- Secteur visé (finance vs marketing vs ONG = écarts abyssaux)
- Coût total engagé (frais cachés compris)
- Durée avant obtention du 1er CDI
- Parcours individuel (stages, alternance, soft skills)
- Origine sociale et capital relationnel familial
Le diplôme ne fait pas tout : ce sont les leviers personnels qui comptent.
Une anecdote révélatrice : un camarade très motivé a contracté trois emprunts étudiants pour finalement se reconvertir dans la pâtisserie. Il rembourse toujours son PGE alors qu’il fait des millefeuilles trois étoiles !
Les frais annexes : bienvenue dans le vrai devis XXL
Les frais affichés par l’école ne représentent que la partie visible d’un iceberg. Voici ce qui s’ajoute souvent sans prévenir :
- Frais de dossier (~100 à 300 € par école)
- Logement étudiant (+8 000 €/an à Paris, moins en province mais toujours difficile)
- Déplacements internationaux obligatoires ou choisis (jusqu’à 1 500 € par voyage)
- Matériel informatique récent exigé (« pour suivre les cours hybrides »)
- Séminaires obligatoires payants ou discrètement optionnels
- Vie associative et soirées « de prestige »
- Stages peu ou non rémunérés à l’étranger (double peine)
Un rapide détour par Mister Prépa ou Major Prépa sert régulièrement de thérapie collective pour ceux qui découvrent ces coûts cachés…
Pour mieux comprendre ces dépenses souvent ignorées : Le coût réel de la vie étudiante.
Financer ses études : les solutions pour ne pas finir fauché en sortant du PGE
Bourses et aides : un chemin de croix pavé d’espoirs (et de conditions)
Soyons clairs : accéder à une bourse en école de commerce n’a rien d’un parcours fluide. Outre la fameuse bourse sur critères sociaux (CROUS), il existe une myriade d’aides spécifiques propres à chaque établissement — vous savez, celles mises en scène dans les brochures, réservées aux "excellents profils" ou à ceux prêts à s’engager dans mille actions associatives. Les écoles aiment aussi sortir le joker des "bourses au mérite" ou via des fondations privées style Fondation Jacques Lambert (2 500€ environ, souvent hors impôts). Quant aux Chambres de Commerce et d’Industrie, leur rôle se limite souvent à soutenir quelques dossiers triés sur le volet.
Checklist bourses et aides à vérifier avant de rêver trop fort :
- CROUS : simulation obligatoire, même si on vous dit que c’est « réservé aux facs »
- Aides propres aux écoles (voir leur site), attention au ratio places disponibles/demandes
- Fondations/partenaires privés : renseignez-vous sur les dates limites et critères précis
- Bourses au mérite : souvent conditionnées à des résultats scolaires absurdes ou engagements extra-larges
- Soutien ponctuel CCI/local : marginal mais pas inexistant
Alternance : la planche de salut… sous conditions sévères

L'alternance : une solution pour financer ses études, mais pas sans contreparties.
L’alternance offre un avantage financier important. Les frais de formation sont, dans l’immense majorité des cas, entièrement pris en charge par l’entreprise, et l’étudiant touche un salaire (1 100€ à 1 600€ brut mensuel selon l’âge/année). Cependant, toutes les écoles ne proposent pas ce format de manière équitable, certaines limitent l’accès ou le réservent à certains programmes. Préparez-vous aussi à cavaler après une entreprise d’accueil — mission parfois plus compliquée que les partiels eux-mêmes. Le rythme est soutenu et la sélection peut s’apparenter à une épreuve sociale exigeante.
Prêt étudiant : L’addition cachée du rêve académique
Recourir au prêt étudiant est un choix pragmatique, mais qui peut laisser un goût amer sur le long terme. En gros, les montants atteignent facilement 50 000€ pour couvrir trois ans de PGE (certaines banques partenaires proposent des taux "privilégiés" autour de 2,5% à 3%). Sauf que le remboursement commence vite (après un différé), sur minimum cinq à sept ans.
Montant emprunté | Taux annuel moyen | Mensualité estimée | Durée totale | Coût total du crédit |
---|---|---|---|---|
40 000 € | 2,8 % | ~613 €/mois | 7 ans | ~51 500 € |
55 000 € | 3 % | ~785 €/mois | 7 ans | ~66 060 € |
20 000 € | 2,5 % | ~287 €/mois | 7 ans | ~24 150 € |
Il est conseillé de calculer précisément avant de s’engager, car beaucoup découvrent la réalité du remboursement après l’obtention du diplôme.
Stratégies et astuces : garder la tête hors de l’eau financièrement
- Toujours simuler tous les frais annexes (logement, transport, vie courante) avant toute inscription.
- Comparer sérieusement les écoles sur leurs dispositifs réels d’aides, pas seulement sur leurs promesses.
- Négocier son dossier avec le service social, cela peut parfois aider.
- Anticiper la recherche de logement et privilégier les villes moins coûteuses que Paris.
- Utiliser toutes les ressources étudiantes disponibles (covoiturage, repas CROUS, jobs étudiants).
- Penser sur le long terme : ne pas croire au mythe du retour rapide sur investissement pour tous.
Pour approfondir ces conseils et éviter les pièges : Maîtriser son budget étudiant.
Écoles de commerce : un investissement rentable ou une illusion coûteuse ? Mon verdict.
Pour résumer, le constat est une véritable désillusion. Je l’ai ausculté sous tous les angles : le business model des écoles de commerce n’a plus rien à voir avec la démocratisation sociale ou la garantie d’un avenir doré. Le marketing vend du rêve, mais en réalité, on achète surtout une marque — souvent à crédit. Les frais de scolarité augmentent sans que la qualité suive nécessairement. Cela freine l’ascenseur social et laisse de nombreux étudiants sans soutien financier face à un endettement important, pour des promesses d’employabilité parfois plus marketing que réelles.
Synthèse claire :
- Le prix ne garantit pas la qualité, mais reflète surtout le prestige.
- L’argument du ROI universel est rarement valable face au coût réel, surtout pour les étudiants modestes.
- La sélection financière s’accentue, creusant les inégalités sociales.
- Les modèles économiques privilégient la rentabilité brute plutôt que l’inclusion.
« S’endetter à vie pour acheter une carte de visite ? C’est sans doute le plus grand bluff du marché éducatif français. »
À retenir :
- Les écoles de commerce sont avant tout des marques ; payer cher n’assure pas la réussite et exclut souvent les moins fortunés.
- Le retour sur investissement dépend largement du parcours personnel et social.
- Choisir une business school aujourd’hui demande sang-froid financier et esprit critique. Le mythe du diplôme magique est révolu.