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Inverse d’une matrice : définition et guide pratique complet

Je crois dur comme fer que 90 % des étudiants confondent inversion et transposition – je vais les secouer.

12 min
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10 July 2025 à 12h11

Inverse d’une matrice : définition, calcul et méthode (pivot de Gauss) + cas particuliers + 8 pièges à éviter — le guide complet (+ cours)

Conditions d’inversibilité : critères et tests

Critère du déterminant non nul : le test éclair

Vous voulez savoir si votre matrice s’en sort la tête haute ? Oubliez les discours alambiqués : le déterminant d’une matrice carrée, c’est la porte d’entrée de l’inversibilité. Plus précisément, une matrice $A$ (de taille $n \times n$) est inversible si et seulement si son déterminant est non nul ($\det(A) \neq 0$). Zéro au déterminant, c’est mat : pas d’inverse possible, point barre. Ça, c’est brutal, mais véridique.

Prenons un exemple express :
[
A = \begin{pmatrix} 1 & 2 & 3 \ 0 & -1 & 4 \ 2 & 1 & 0 \end{pmatrix}
]
Le calcul du déterminant donne $\det(A) = 1(-10-41) - 2(00-42) + 3(01-(-1)*2)$ ; si ce total est "non zéro", la matrice s’en sort. Sinon ? C’est fichu.

Exemple de calcul du déterminant d'une matrice inversible

Rang complet et bijectivité : les bases de l’inversibilité

Mais ATTENTION : le déterminant n’est qu’un test rapide parmi d’autres. Le vrai critère profond, dans un espace vectoriel, c’est que la matrice doit être de rang maximal (c’est-à-dire $\mathrm{rg}(A) = n$). Si le rang n’atteint pas ce score, adieu inversion ! Cette équivalence se fonde sur le fait qu’une application linéaire représentée par $A$ est bijective si et seulement si elle a rang maximal : injective donc surjective, donc inversible.

Voici ce que ça donne noir sur blanc :

Critère Avantage Limite
Déterminant ≠ 0 Vérif direct et formulaïque Sens limité aux matrices carrées
Rang = n Valable même pour endos généraux Demande parfois plus de calcul
Bijectivité Approche conceptuelle solide Réservé aux morphismes d’espaces égaux

Matrices singulières : autopsie d’un échec

La matrice dite singulière, c’est celle qui foire tous les tests ci-dessus. Petite liste des pathologies récurrentes :

  • Colonnes linéairement dépendantes (elles racontent la même histoire)
  • Au moins une ligne/colonne tout en zéros (gênant pour l’ambiance)
  • Déterminant égal à zéro (le coup de grâce)

Une matrice peut sembler correcte en apparence, mais une dépendance linéaire cachée peut la rendre singulière.

Propriétés fondamentales de la matrice inverse (et petites astuces de pro)

Double inversion : (A⁻¹)⁻¹ = A

Prenez une matrice $A$ inversible. Son inverse, noté $A^{-1}$, possède lui-même un inverse, et ce n’est rien d’autre que… $A$. Pas besoin de sortir Polytechnique pour piger ça : appliquer deux fois l’inversion, c’est revenir au point de départ. Exemple qui fait tilt :

Soit $A = \begin{pmatrix} 2 & 1 \ 0 & 3 \end{pmatrix}$. Calculez son inverse — puis l’inverse de cet inverse. Vous retrouvez exactement $A$, sans surprise ni folklore. C’est la règle d’or du double renversement.

Produit et inverse : attention à l’ordre (AB)⁻¹ = B⁻¹A⁻¹

Vous avez deux matrices inversibles $A$ et $B$. Leur produit $AB$ s’inverse… mais attention ! L’ordre s’inverse aussi : $(AB)^{-1} = B^{-1}A^{-1}$, et surtout pas $(AB)^{-1} = A^{-1}B^{-1}$ – faut être insomniaque pour se tromper là-dessus après cet article. Démo à la hussarde :
Si $A = \begin{pmatrix}1&0\0&2\end{pmatrix}$ et $B=\begin{pmatrix}3&4\0&5\end{pmatrix}$,

  • $B^{-1}=\begin{pmatrix}\frac13 & -\frac45 \ 0 & \frac15\end{pmatrix}$,
  • puis $A^{-1}=\begin{pmatrix}1&0\0&\frac12\end{pmatrix}$,
  • donc $(AB)^{-1}=B^{-1}A^{-1}$.
Erreur classique : écrire (AB)⁻¹ = A⁻¹B⁻¹ – Faux !

Le groupe général linéaire GL(n) : un cadre théorique puissant

Les matrices inversibles ne sont pas juste des gadgets : elles forment le célèbre groupe général linéaire, noté $GL(n,K)$ pour les matheux qui aiment la rigueur. C’est quoi ce club privé ? L’ensemble des matrices carrées de taille $n$ sur un corps $K$, inversibles, muni du produit matriciel comme opération. Pourquoi c’est chic ? Parce que ça structure tout l’univers des changements de base et des transformations réversibles.

🌟🌟🌟🌟🌟 pour la beauté structurelle

Stabilité sous changement de base : invariance de l’inversibilité

Changez de lunettes — euh, pardon, de base vectorielle — et regardez ce qui arrive à votre matrice inverse. Appelons $P$ la matrice de passage entre deux bases : si $M$ représente un endomorphisme dans une base, alors dans une nouvelle base, la matrice associée sera $P^{-1}MP$. Quant à l’inverse ? Il suit le mouvement sans broncher :
$(M')^{-1} = P^{-1} M^{-1} P$.
Autrement dit, l’inversibilité est stable sous changement de base. Les vrais savent que ce petit détail sauve bien des calculs en algèbre avancée.

Cas particuliers et généralisations : au-delà de l’inverse classique

Matrices diagonales, triangulaires et blocs : simplifications pratiques

Les étudiants s’imaginent que toute inversion doit suer sang et larmes. Grosse erreur. Pour une matrice diagonale $D$, il suffit d’inverser chaque élément non nul sur la diagonale : $(D^{-1}){ii} = 1/D{ii}$. Temps d’exécution ? $O(n)$ si tu t’organises bien, soit mille fois plus rapide qu’un énième pivot de Gauss. Les matrices triangulaires (supérieures ou inférieures) ? Presque aussi trivial : une back-substitution et au lit, pas besoin d’avoir fait trois années de prépa. Sur une matrice par blocs, si les blocs principaux sont inversibles, tu utilises la recette du Schur pour bluffer ton prof : rien de magique, juste de l’organisation cérébrale.

Inverse à gauche et à droite : au-delà des matrices carrées

En dehors des matrices carrées, parler "d’inverse" unique c’est se payer la tête du monde. Une matrice $A$ $m\times n$ (avec $m \neq n$) peut admettre :
- Un inverse à gauche ($L$ tel que $LA=I_m$) si $A$ a plein rang colonne ($n\leq m$, colonnes indépendantes).
- Un inverse à droite ($R$ tel que $AR=I_n$) si $A$ a plein rang ligne ($m\leq n$, lignes indépendantes).

Prenez $A = \begin{pmatrix}1 & 0 & 0 \ 0 & 1 & 0\end{pmatrix}$ (format 2×3). Elle admet un inverse à gauche mais certainement pas à droite.

Exemples où seul l’inverse à gauche existe :
- Rectangulaire "haute" avec colonnes libres (typique du surdéterminé mal famé)
- Systèmes homogènes où le noyau ne se réduit pas à zéro

Pseudo-inverse de Moore-Penrose : une solution pour les matrices non carrées

Quand on veut résoudre $AX=B$ sans inverse classique, on sort l’artillerie lourde : la pseudo-inverse de Moore-Penrose, notée $A^+$. Cette bestiole généralise l’inversion même quand la matrice est rectangulaire ou dégénérée. Définie par quatre conditions qui mettent tout le monde d’accord (orthogonalité comprise), elle donne la solution qui minimise l’erreur au sens des moindres carrés. Typiquement utilisée en régression linéaire pour prédire ce que personne ne veut calculer à la main – dans Numpy, c’est np.linalg.pinv(). Résultat : ça marche même quand personne n’y croit.

Modules sur un anneau : limites du déterminant

Élève moyen (et même agrégé parfois) s’imagine naïvement que le déterminant décide toujours de l’inversibilité. Raté ! Hors des corps commutatifs – exemple : modules sur un anneau quelconque – le concept même d’inverse demande plus qu’un pauvre calcul formel. Dans un anneau non intègre, il peut exister des diviseurs de zéro : une matrice peut avoir un déterminant prétendument inversible mais ne pas être inversible du tout comme endomorphisme de module. Le diable se cache dans les détails algébriques. Adieu solutions universelles.

Applications concrètes : l’inverse de matrice au quotidien

Résolution de systèmes linéaires et équations différentielles

Vous croyez que l’inverse sert juste à briller en colles ? Laissez tomber : résoudre $AX=B$ via $X=A^{-1}B$, c’est le pain quotidien de tout ingénieur qui se respecte. Mieux : pour les équations différentielles linéaires à coefficients constants, la solution générale s’écrit $X(t) = e^{At}X_0$ — et devinez avec quoi on calcule $e^{At}$ ? Avec l’inverse de $A$, évidemment, via des séries ou la diagonalisation. Sans matrice inversible, pas d’algèbre matricielle digne de ce nom, pas d’évolution dynamique fiable.

Optimisation, Machine Learning et régression linéaire

La "normal equation" des stats, c’est $X^T X \beta = X^T y$. Si $X^T X$ est inversible (et ça arrive moins qu’on le croit), on récupère les moindres carrés par $\beta=(X^TX)^{-1}X^Ty$. C’est la base du machine learning old-school… mais attention : à la moindre colinéarité dans les données, boom, la non-inversibilité ruine tout. Anecdote : sur certains jeux de données cradingues, même les plus gros serveurs plantent faute d’inverse.

Graphismes 3D & traitement d’image : matrices de transformation

Dans le monde réel du graphisme 3D, l’inverse de matrice n’est pas un gadget théorique : sans elle, impossible de "reculer" la caméra ou d’appliquer un undo géométrique précis. Les matrices 4×4 gèrent rotation/translation ; leur inverse permet le passage du repère monde au repère caméra. Sans inversion rapide : impossible d’afficher correctement une scène animée ou modélisée.

Illustration : matrices 3D et caméra en graphisme

Cryptographie & codes correcteurs : là où l’invertibilité protège

Le chiffre Hill — ce bon vieux cryptage à la papa — repose sur une matrice carrée inversible modulo 26 : si votre key matrix n’a pas d’inverse (au sens modulo), tout est cassé. Dans le décodage comme dans certains codes correcteurs d’erreurs, seule une matrice inversible assure que le message peut être retrouvé intégralement. Vouloir coder sans vérifier l’inversibilité ? C’est comme vouloir ouvrir un coffre-fort avec une banane.

Pièges et erreurs courantes à éviter

Confondre inversion et transposition : une erreur fréquente

Vous croyez qu’on ne confond plus $A^{-1}$ et $A^T$ après la terminale ? Permettez : dans chaque promo, il y a ce moment gênant où un étudiant balance « Il suffit de prendre l’inverse… euh, la transposée… enfin… ». Anecdote vécue : en partiel, 40% des copies intervertissent allègrement les symboles. Clarification d’urgence :
- $A^T$ (ou $A'$), c’est la transposée : on échange lignes et colonnes, ni plus ni moins.
- $A^{-1}$, c’est l’inverse : existe seulement si la matrice est carrée et inversible.
Rappel coup-de-poing : $(A^T)^{-1} = (A^{-1})^T$ – mais l’un n’est jamais l’autre !!

Sous-estimer les erreurs numériques : conditionnement et stabilité.

On croit souvent que calculer une inverse, ça sort du PC nickel chrome. Grave erreur…
Prenez une matrice de Hilbert 5×5 ($H_{ij} = 1/(i+j-1)$). Faites tourner une inversion numérique dessus : votre résultat explose, car le conditionnement est catastrophique. Un minuscule arrondi sur les données d’entrée multiplie l’erreur de sortie par des milliers.

Une matrice mal conditionnée peut entraîner des erreurs numériques importantes.

En pratique : même un super-ordinateur ne sauve pas une matrice bancale. Méfiez-vous des illusions de fiabilité.

Croire que toutes les matrices sont inversibles : spoiler, non.

Le mythe du « toute matrice s’inverse » est coriace. News flash : un déterminant zéro ($\det(A)=0$), c’est rideau ! Les matrices dites singulières pullulent dans les TD et grillent plus d’un étudiant aux quiz. Résultat : systèmes sans solution unique ou équations qui tournent à vide. Autant vous dire que cocher « inversible » au hasard revient à jouer sa moyenne aux dés.

Oublier la complexité quand n explose : temps machine vs théorie.

Vous rêvez d’inverser des matrices $1000\times1000$ comme sur le tableau ? Mauvais délire. Le vieux pivot de Gauss-Jordan tourne en $O(n^3)$ opérations — déjà lent dès qu’on dépasse $n=500$. Mais avec les algorithmes avancés (genre Strassen ou Coppersmith-Winograd), certains descendent théoriquement à $O(n^{2.373})$. Dans la vraie vie ? Peu de gains effectifs hors contextes très spéciaux, car ces méthodes coûtent cher en mémoire ou constants cachés énormes. Les vrais matheux gardent leur sang-froid avant d’appuyer sur « Inverser tout ».

FAQ – Vos questions fréquentes sur l’inverse de matrice

FAQ sur l'inverse de matrices
  • Comment savoir vite si une matrice 4x4 est inversible ?

    • Calculez le déterminant. Si c’est non nul, banco : elle s’inverse. Sinon ? C’est mort, et pas d’arrangement.
  • Pourquoi le déterminant n’existe pas pour une matrice non carrée ?

    • Parce que le déterminant, c’est réservé aux matrices carrées. Pour les autres, oubliez direct : aucun test d’inversibilité n’existe par ce biais.
  • Je peux inverser une matrice symbolique (avec des lettres) ?

    • Oui, si les coefficients ne rendent pas le déterminant nul (même avec x ou y dedans). Mais faut aimer les sueurs froides en simplification !
  • La pseudo-inverse Moore-Penrose remplace-t-elle l’inverse classique ?

    • Non : la pseudo-inverse existe toujours mais ne « remplace » l’inverse qu’en cas de matrice non carrée ou singulière. Pour les matrices bien sages : l’inverse reste la référence.

Points clés à retenir sur l’inverse d’une matrice

Trois faits à graver dans la table de mixage neuronale :

  1. Une matrice inversible est forcément carrée et de déterminant non nul. Pas de carré, pas de chocolat, pas d’inverse !
  2. Son inverse est unique et s’inverse elle-même ($A$ s’inverse en $A^{-1}$ et vice-versa). Jouez avec le double renversement, c’est du béton mathématique.
  3. Produit et inversion ne sont pas commutatifs : $(AB)^{-1} = B^{-1}A^{-1}$, les étourdis s’en mordent les doigts chaque année.

Arrêtez de vous raconter des histoires : un seul moyen de ne pas finir parmi ceux qui confondent tout, c’est de calculer cinq inverses par jour. Les neurones, ça se muscle sur du concret – surtout en algèbre linéaire.

Inverse d’une matrice : définition et guide pratique complet

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